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Georges Réveillac pour TheBookEdition, août 2008

En quelques mots, racontez-nous Georges Réveillac….
Je suis né chez de petits paysans de l’ouest, dans le bocage verdoyant. Tout à la fois j’aimais ce trou de campagne et je voulais en sortir ; je voulais voir par-dessus la haie, au-delà des limites communales, bien au-delà… Je voulais aussi échapper au travail ingrat, presque abrutissant,  de la terre. Juste à côté de ma ferme, l’école laïque promettait de réaliser ces deux rêves. En plus, par la diffusion de la science bien plus forte en miracles que Dieu, elle annonçait le bonheur proche pour toute l’humanité. J’étudiai donc avec passion. Cela me conduisit à l’Ecole Normale d’Instituteurs, et aussi à la déception. Quand je m’aperçus que l’on ne peut tout comprendre, que la science ne peut effacer toutes nos misères, je ne l’acceptai pas et je glissai vers la folie. Depuis, j’ai payé cher pour apprendre à accepter mes limites ainsi que les vôtres, chers amis.

C’était une autre époque : juste après « La Guerre » (39/45), avant 68, avant la chute du Mur, avant le 11 septembre. J’allais à l’école en sabots, le sol de la maison était en terre battue, l’électricité venait tout juste d’arriver.

Comme tant d’autres, je fus attiré par le Parti Communiste. Grâce aux travaux de Karl Marx, le « Parti »  possédait la Potion Magique : ayant enfin trouvé l’explication scientifique de l’Histoire, il pouvait maîtriser cette cavale folle et la conduire vers la paix, la prospérité, la conquête des étoiles, le paradis sur terre. Mais je ne tardai pas à déceler des incohérences dans la théorie. Je repris la réflexion de Marx pendant toute une année et un jour, je poussai mon « Eurêka ».  Marx croyait que pour expliquer l’histoire, phénomène humain, il fallait connaître l’essence de l’homme laquelle, selon lui, était le travail. La démarche de Marx paraissait logique. Et pourtant, je venais de m’apercevoir qu’en utilisant un autre concept, celui d’existence, j’aboutissais à une explication beaucoup plus cohérente de l’histoire. Mais ce « Besoin d’Existence » n’est pas le propre de l’homme : les animaux aussi le possèdent. Ce n’était donc pas l’essence de l’homme qui permettait d’expliquer l’histoire, mais un élément important de la nature vivante, élément qui se trouve probablement dans la matière elle-même.

Cette idée est révolutionnaire autant que prometteuse mais il n’est pas question de la mettre en pratique sans savoir si elle est juste ou fausse. Il faudrait que les grands esprits de notre temps l’étudient avec toute la rigueur scientifique possible. J’attends toujours qu’ils se manifestent.

Voilà donc Georges Réveillac : l’homme habité par une théorie en gestation. Qui l’aidera à accoucher ? Georges Réveillac a 70 ans et une anomalie suspecte au poumon droit : la délivrance viendra-t-elle avant la mort ? Si ce n’est pas le cas, il compte sur vous pour détourner l’arche de l’humanité du mur vers lequel elle fonce. D’ailleurs, a-t-il d’autre choix que d’espérer en vous ?

 Vous étudiez depuis des décennies le besoin d’existence des êtres humains. Comment en êtes- vous arrivé à parler d’amour dans votre roman « De la Terre jusqu’au Ciel » ?

J’ai essayé de diffuser la théorie seule, sans succès. Alors m’est venue l’idée de l’illustrer par un roman, comme on ajoute du miel pour avaler une potion amère. En outre, l’amour convient particulièrement bien pour concrétiser le besoin d’existence chez l’homme. C’était donc un roman philosophique, « Mon Amour », toujours bien accueilli sur Alexandrie Online.  Plusieurs critiques m’ont dit qu’ils aimaient le miel, mais pas la potion. Alors, j’ai décidé de publier un roman d’amour expurgé dans lequel la théorie se transforme en un mythe fantastique porté par « Mômmanh ». Ainsi est né « De la Terre jusqu’au Ciel ».

Que pensez-vous du mythe présenté par Aristophane dans « Le Banquet » de Platon, selon lequel chaque être humain rechercherait sa moitié dont il aurait été séparé au commencement ?

Selon moi, cela illustre parfaitement ce que l’homme recherche dans le grand amour, sans jamais l’atteindre tout à fait.  Ceci dit, nombreux sont ceux que ce type d’amour n’intéresse pas. Il y a les célibataires endurcis. Il y a aussi ceux qui préfèrent des amours passagères, lesquelles peuvent néanmoins être délicieuses.

Selon vous, la Science serait-elle incompatible avec l’Histoire ?

Selon moi, seules les lois vérifiables par l’expérience méritent le label « Science ». Il est difficile et souvent impossible d’expérimenter en histoire, pour les mêmes raisons qu’en biologie humaine. Néanmoins, les historiens mettent un point d’honneur à établir les faits historiques aussi rigoureusement que le fait la police scientifique quand elle enquête. D’ailleurs, « histoire » vient d’un mot grec qui signifie « enquête ». Donc, même quand elle ne peut expérimenter, l’ « Histoire » dispose de faits solidement établis qui sont autant d’expériences. Ainsi, quand l’historien respecte la déontologie de sa discipline (ce qui n’est pas toujours le cas), l’histoire a une valeur scientifique.

Dites-nous en plus sur Mômmanh, le dieu antique de votre roman ; représente-t-il votre croyance personnelle ?

Une théorie ! Surtout pas une croyance ! Dans le roman, le terme « mythe » me paraît le plus approprié. Mômmanh  représente l’impérieux besoin d’existence qui serait présent dans chaque grain de matière et qui orienterait l’évolution de l’univers.

Idéologie et romance : un couple détonnant ! Est-il légitime, et fidèle ?

Comme je l’ai déjà dit, je ne propose pas une idéologie, mais une théorie qui ne demande qu’à être mesurée au mètre de la science. Et dans ce roman, la théorie est remplacée par un mythe. Alors, mythe et romance : « Un couple détonnant » ?  « Légitime » ? « Fidèle » ?  Au lecteur d’en juger.

TheBookEdition et les collections Alexandrie vous ont-ils aidé à faire découvrir et apprécier votre livre ? Considérez-vous votre carrière d’écrivain dans une phase ascendante ?

Je suis tout nouveau chez TheBookEdition. Je peux néanmoins dire que j’apprécie le fait de voir enfin, pour une modique somme, mon œuvre transformée en un vrai et beau livre. Je vais essayer d’en proposer quelques exemplaires à la vente en librairie ; je ne sais si c’est possible.

Alexandrie a publié « Mon Amour » en 2001. Sept ans plus tard, sur les 179 ouvrages de la bibliothèque alexandrine, ce roman philosophique est encore 9ème au palmarès des plus téléchargés cette année. « De la Terre jusqu’au Ciel » n’est que 20ème,  mais j’espère obtenir mieux. Donc, merci à Alexandrie et à son compère « TheBookEdition ».

Dans la mesure où mon premier objectif est de diffuser mes idées, je considère que « ma carrière d’écrivain » est dans une phase ascendante. Par ailleurs, je présente mes idées sur différents forums, ce qui m’amène quelques lecteurs, ainsi que des visiteurs sur mon site http://www.livingexistence.net/ .

Quand nous ravirez-vous encore avec un autre roman ?

D’une part, j’ai 70 ans, d’autre part, je n’écris que pour faire connaître et discuter mes idées. Justement, ces idées ne sont pas arrêtées une fois pour toutes. De temps à autre, je m’aperçois qu’il faut leur apporter tel ou tel enrichissement. Le roman, lui, est bien achevé, mais la théorie est un chantier permanent et j’espère qu’il en sera toujours ainsi.

Il n’y a donc pas de nouveau roman à l’horizon.

http://www.livingexistence.net

https://www.thebookedition.com/de-la-terre-jusqu-au-ciel-georges-reveillac-p-4642.html