Une recherche sur Google donne ceci :
« Le 11 septembre 2008, Alexandre Mangin a soutenu sa thèse en vue du doctorat de Langues, spécialité : « Etudes sur l’Asie et ses diasporas », portant sur le sujet suivant :
« Miyamoto Tsunéichi, un ethnographe folkloriste, infatigable marcheur à la recherche de l’identité japonaise ».
Thèse qui lui a valu la mention « très honorable ». C’est donc à notre honorable correspondant du Pays du Soleil levant, le Docteur Alexandre Mangin, que nous adressons humblement ces quelques questions qui nous brûlent les lèvres…

Alexandre MANGIN, TÔKYÔ

Bonjour, et merci beaucoup de me proposer cet entretien. Je suis ravi. Bien, je me lance : j’ai 32 ans, je fais des recherches sur le Japon (plus précisément sur le discours des ethnographes japonais du folklore concernant leur propre pays) après avoir fait du Droit (qui m’a intellectuellement formé) et, bien sûr, un cursus de langue et culture japonaises comme vous le rappeliez.
Je vis à Tôkyô, parce que c’est la capitale et que c’est là qu’on trouve le plus d’opportunités pour travailler dans un premier temps, de centres de recherche et autres bibliothèques. Je connais bien la ville : cela fait déjà cinq ans que j’y vis. Mais j’aimerais expérimenter la vie sur une autre île et je reste lyonnais à la vie, à la mort.
Lyon, Toda (près de Tôkyô) où j’ai vécu et d’autres lieux qui me sont chers ou qui m’intéressent apparaissent dans mes écrits de fiction ici et là.

Le lecteur potentiel de mes livres qui me découvrirait chez TheBookEdition pourrait être surpris du nombre d’ouvrages concernant le Japon comparé à celui des fictions. C’est parce que je ne suis pas ici depuis longtemps. J’ai en prévision d’autres titres de fiction qui au final seront plus nombreux que ceux sur le Japon. J’ai en effet deux passions primordiales : la littérature, et le Japon. Dans mes ouvrages sur le Japon, j’essaie de mettre toute ma réflexion et mes connaissances, et dans mes œuvres de fiction, toute ma réflexion et tout mon cœur, c’est un peu différent.

A titre de « passe-temps », j’aime beaucoup l’étude des langues et je fais aussi de la traduction.

-On vous imagine attiré par la philosophie et les religions asiatiques et vous publiez entre autres un livre sur les prêtres. Vous n’êtes pas partagé entre deux mondes ?

Oh oui ! Je suis même parfois écartelé ! Mais c’est rarement désagréable, même en cas de mélancolie – je suis un grand mélancolique – et ce sentiment est très productif ! (J’y ai même consacré mon mémoire de maîtrise disponible en livre ici même).

Au niveau des œuvres japonaises « de non-fiction », je suis plutôt attiré par les ethnologues et ethnographes, ainsi que par les historiens. Pour ce qui est de la philosophie, mes racines sont bien européennes et françaises et ma préférence va aux stoïciens, à Platon, à Descartes, Pascal, aux pères de l’Eglise et, plus proche de nous, à René Girard dont je suis un grand admirateur. J’ai aussi beaucoup d’intérêt pour Marcel Mauss, Claude Levy-Strauss, François Laplantine (que j’ai eu le plaisir et l’honneur de rencontrer… au Japon).

Je reviens à mes fictions. Mon livre Un jeune prêtre aura une suite, actuellement en chantier. Le père Larcet et le Doc vont joindre leurs efforts pour un combat spirituel. Ce roman sera riche en chagrins, mais toute lueur d’espoir ne devrait pas disparaître. Je ne cache pas que mon œuvre de fiction est nourrie par ma foi chrétienne, sans être « bien pensante » (j’ai horreur de ceux qui donnent des leçons de morale à tout le monde ou qui jouent les oies blanches). Se discipliner soi-même est un exercice dur et exigeant de tous les jours, et si l’on tient à « changer les gens », qu’on commence par donner soi-même le bon exemple.

-Vous avez retiré votre recueil de poésies aussi vite que vous l’avez publié. Avez-vous si peur de votre liberté d’expression ?

Sur conseil de mes proches, j’ai tout retiré. Je leur fais confiance : ils ont une distance que par ma position d’auteur, je n’ai pas : je ne serai jamais un vrai lecteur de mes œuvres.

Pour ce qui est de la liberté d’expression, je trouve qu’elle varie suivant les thèmes que l’on traite, et qu’en France, les procès se font bien plus nombreux actuellement que dans les années 60-80, par exemple. C’est presque une peau de chagrin. Mais ça n’a rien à voir avec le retrait de mes poèmes.

– Vous écrivez sur votre blog ceci :
« Rivron, mon gars, c’est de la vraie littérature. D’abord et avant tout, parce qu’il a un ton. Ca peut t’apparaître pédant, ce dont j’te cause, et pourtant c’est du vrai de vrai : le style, c’est TOUT, c’est ce qui fait qu’un livre passe de chose écrite à œuvre littéraire. »
http://all-zebest.hautetfort.com/
L’importance du style est-elle supérieure à celle du propos d’un livre selon vous ?

Votre question est bienvenue. Je pense en effet qu’il est important de distinguer jugement moral et jugement littéraire. On peut être moralement irréprochable et écrire de fort mauvais livres. A l’inverse, on peut être un écrivain de génie et être immoral (voyez Sade). Certains ne sont ni l’un ni l’autre, d’autres sont les deux (Saint Augustin, par exemple). Pour moi, un livre immoral peut appeler un jugement moral sévère, certainement pas un procès (je suis contre les procès, ancien juriste moi-même ! ). Quand on parle littérature, un livre est bien écrit, ou mal écrit (et dans ce cas, ce n’est pas de la littérature) : c’est tout.

Bien sûr, un essai scientifique, juridique ou autre n’a pas à être une œuvre littéraire. Un style agréable et précis est cependant un atout indéniable.

– Un livre simple écrit par une personne sans éducation littéraire voire grammaticale mais avec ses tripes peut-il trouver grâce à vos yeux ?

A titre de témoignage, oui (cela peut aider des personnes qui se reconnaîtraient dans ce parcours). De thérapie pour l’auteur : oui. De cadeau à des proches : oui. D’œuvre littéraire : NON (ce n’est pas une œuvre littéraire, tout simplement). La littérature, tout comme la plomberie (je l’ai écrit dans le forum et je le maintiens ici), a ses règles (la grammaire et l’orthographe), son matériau (la langue), ses outils (le dictionnaire de langue, le dictionnaire de synonymes, le Bescherelle) et ne saurait tolérer aucun amateurisme. On ne devient pas écrivain, chanteur ou peintre en claquant des doigts. C’est un long et dur apprentissage : on apprend (et désapprend parfois) toute sa vie. Un vrai artiste reste toujours insatisfait de ce qu’il fait, car il est conscient de la distance qu’il existe entre son idéal artistique et la réalité d’une œuvre imparfaite. La conscience artistique est une conscience de l’Absolu, similaire à la conscience spirituelle (en moins grand). L’Art et les Lettres doivent chercher à transcender l’humain. De cet échec inévitable et de la conscience de cet échec peuvent naître de grandes œuvres. Relisons Pascal, Bernanos, Barbey d’Aurevilly, Bloy… De toute façon, le Temps est un juge impitoyable qui fait un tri énorme.

– Quand avez-vous découvert TheBookEdition.com ?

Il n’y a pas si longtemps (deux mois peut-être). Ce fut une illumination. Tout m’a plu chez vous : le site, son ergonomie, votre concept, vos prestations, les types de couvertures « maison », le service, le forum, vos tarifs (pour les petits tirages), la possibilité d’avoir mon livre rapidement dans les mains, la qualité irréprochable de l’objet fini. Vous avez désormais une lourde responsabilité sur vos épaules : de nombreux auteurs vous font confiance et vous remplissez un rôle unique. Soyez toujours comme vous êtes.

– Reviendrez-vous habiter en France ?

Oui, c’est en projet pour dans quelques années.

– Avez-vous cherché un éditeur ?

A part ma thèse qui est éditée par un éditeur spécialisé, non. Je me disais que mes histoires de curé, ce n’était pas « dans l’air du temps ». Grâce à TheBookEdition, j’ai repris une once d’espoir.

-Anything else ?

Mon recueil de nouvelles Ascension, actuellement en relecture, est prévu pour très bientôt. Il comprendra trois nouvelles, dont deux étaient dans la version provisoire dite « tome II » du recueil, imprimé en un seul exemplaire. On y trouvera une histoire psychologique sur une passion adolescente, une historique d’aventure au XVIIIe siècle (lisible intégralement sur mon blog) et une « baroquerie » de science fiction. L’ensemble poursuit une finalité spirituelle qui ne peut être pleinement saisie qu’une fois la lecture du livre achevée. J’ai également en projet de faire un livre contenant notamment deux de mes nouvelles actuellement en cours d’écriture, « Toda of the Dead » et « Emprise progressive » dont le début est en ligne sur mon blog. J’y raconte des histoires d’action et de suspense ayant trait aux virus et à la maladie, avec un arrière fond mystique et une petite dose d’humour.
J’ai également en préparation un recueil de nouvelles très brèves, d’une ou deux pages, ce que j’appelle des « proses », assorties de quelques poèmes choisis, ainsi qu’un recueil de dessins.

En bref, si je devais résumer ma position, je me dirais écrivain par vocation, japonologue par passion, enseignant par nécessité et chrétien Lyonnais par essence.

Merci Alexandre MANGIN,  TheBookEdition.com vous souhaite beaucoup de plaisir à écrire, et encore plus à être lu.