claudec1.jpg

Interview de Claudec, auteur de Voyage de noces au temps des diligences , octobre 2008

Le pseudo Claudec colle à vos livres comme à votre personnage. Mais pourquoi un nom de plume ?
Pour justement essayer de coller à ce que j’ai à dire, qui dépasse quelque peu ma banalité quotidienne et personnelle, telle que définie par l’état-civil et l’existence. Et puis, c’est une manière de faire chic et court. Enfin, j’ai le souci de ne pas être gêné dans ma vie privée par ma célébrité à venir ; je prends donc mes précautions.

Quand et comment vous est venue l’idée de retranscrire, dans votre tout dernier roman, Voyage de noces en Italie au temps des diligences, récit d’Henri Proust, écrivain du XIXème siècle ?
Surpris que vous puissiez qualifier de roman ce à quoi j’ai cherché au contraire à conserver son caractère de journal de voyage –bien qu’il arrive que notre vie tourne parfois un roman. Quoi qu’il en soit, l’idée m’est venue de transcrire ces notes et de les publier, lorsque j’en ai fortuitement découvert l’existence parmi des archives familiales. J’ai procédé à leur arrangement, seulement lorsque l’état de conservation du manuscrit et autres difficultés de déchiffrage m’y ont contraint.

Considérez-vous cette étude des mœurs bourgeoises sous fond de carnet de voyage au soleil comme une parenthèse littéraire ou comme un nouvelle orientation pour vos œuvres futures? Vos précédents ouvrages (Toutes sauf ma mère, De la rime au cœur, Contes et histoires pour les petits et les grands) étaient très poétiques…
Disons plutôt que c’est un préambule ou un exercice préliminaire. J’ai autoédité plusieurs ouvrages en même temps, qui tous attendaient dans un tiroir. Leur ordre de publication est par conséquent sans rapport avec la chronologie de leur écriture. Celle-ci ayant eu lieu en des temps parfois reculés, Voyage de noces a été comme le déclencheur de leur mise en forme. Cet exercice de transcription m’a appris et encouragé à organiser un texte pour le rendre publiable.
Quant à mes œuvres futures, compte tenu du temps qui me reste, je resterai discret afin de ne pas provoquer la camarde, qui n’aime pas être narguée. Sachez simplement que les tiroirs, aussi bien matériels que virtuels, en sont pleins. Bien des choses s’y sont accumulées, qui sont autant de projets. Avec un peu de chance elles seront encore l’occasion de quelques occupations somme toute assez plaisantes.

Ceci dit, je suis ravi que vous qui êtes une femme découvriez dans Toutes sauf ma mère, la poésie qui peut s’y trouver. D’autres femmes qui ont lu cet ouvrage ne l’ont pas décelée, ou ne m’en ont pas fait part. Probablement par manque de romantisme autant que d’humour, qualités qui comme chacun sait manquent à la plupart d’entre elles.

Les préjugés vous agaçent, la diversité vous inspire… est-ce un appel à la tolérance ?
La certitude est la vérité des sots (je reste poli), telle est non pas ma devise, mais ma propre certitude, laquelle renvoie bien entendu à ma propre sottise. Ce dont je me console en considérant que chacun d’entre nous en porte sa dose. C’est d’ailleurs principalement à ce titre que nous devons faire preuve de cette tolérance que vous évoquez. C’est donc bien un appel à la tolérance que de refuser les préjugés. Même si souvent cette attitude est perçue comme de l’intransigeance. C’est ainsi que je considère comme indigne de tolérance tout individu satisfait de lui-même, avec pour conséquence de compter peu d’amis.
Pour la diversité : l’univers, le monde, l’homme … sont diversité. Quelqu’un a même parlé de bordel ambiant. Ne reste plus qu’à avoir reçu le don de curiosité pour s’en repaître et être heureux, quoi qu’il advienne.


On ressent un anti-conformisme puissant dans vos ouvrages. L’êtes-vous autant dans votre vie que dans vos écrits ?
Je pense l’être au contraire davantage, mais avec retenue, par éducation, par réserve, par respect d’autrui … et par nécessité. L’anti-conformiste est fatiguant pour ceux qui ne le sont pas. Et ceux qui ne le sont pas sont nombreux. Il faut bien en tenir compte. Les îles désertes sont lointaines, de plus en plus rares et de plus en plus chères.

Si vous pouviez changer une chose dans le monde, que décideriez-vous ?
Je supprimerais la peur, fille de l’ignorance, elle-même proche parente du manque de curiosité et de toutes les habitudes. La fortune, le pouvoir et le sexe sont considérés, à juste titre, comme les moteurs de l’existence. Il faudrait, complémentairement, citer la peur, qui en est le frein. A ce titre toutes les idéologies soi-disant libératrices portent à sourire, elles qui n’ont en réalité comme ambition que de substituer leurs propres peurs à celles des autres.
Que vous a apporté l’autoédition dans votre parcours d’écrivain ?
Parler de parcours d’écrivain me paraît bien prétentieux mais à cela près, l’autoédition m’a offert la possibilité de m’affranchir les limites et tracasseries instaurées par des professionnels du livre qui n’ont pas compris –ou oublié au profit du profit– que par nature la pensée est libre, insoumise, même s’il lui arrive de ne pas être incorruptible. S’ajoute à cela que l’auteur peut ne pas être avide de célébrité et d’argent. De ce point de vue, Internet et les  NTIC ouvrent des perspectives incommensurables de liberté de dire et d’écrire, pour le meilleur et pour le pire, comme il se doit.
Nous sommes tous impatients de savoir : à quand le prochain ?
Merci de cette impatience que je souhaite aussi fondée que courtoise, mais chaque chose en son temps. D’abord mettre de l’ordre dans l’existant, dans ce qui nécessite d’être soumis à la critique et validé le cas échéant. Le reste suivra, s’il y a lieu et si les circonstances le permettent.