Dans On aurait pu déjeuner dehors, Fred Chauvreau adapte en BD une pièce de théâtre de Richard Frech et Laurent Perez, créée en 2007 à l’occasion de la journée du refus de la misère. Après avoir publié sa BD sur Internet avec Webcomics.fr
Julien Falgas, de Webcomics.fr, a interrogé ce militant (professeur d’arts plastiques de profession) sur ses motivations.
Tu te définis comme un auteur de BD militant. Qu’entends-tu par là ?
Je pense que la BD est un formidable moyen d’expression, qui peut toucher un large public, ce qui en fait un excellent outil d’éducation populaire.
Etant d’abord plasticien, mais aussi militant dans diverses organisations dites « altermondialistes », je me suis dit qu’il serait intéressant de mettre mon goût pour le dessin au service d’un message progressiste. Or, il se trouve que la majeure partie de l’édition de bande dessinée véhicule, à mon avis, une idéologie réactionnaire et conservatrice. Mon ambition est simplement de faire entendre une voix dissonante, aussi modeste soit-elle, dans ce concert de charognards.
Avec On aurait pu déjeuner dehors, tu abordes le problème des SDF, que dénonces-tu ?
La précarité et les inégalités sociales ne font que s’accroître en France (comme en Europe et dans le monde entier). La France n’a jamais été aussi riche, les entreprises cotées au CAC 40 font des profits records pendant que des gens meurent de froid dans la rue.
Cette BD est adaptée d’une pièce de Richard Frech et Laurent Pérez. Comment en es-tu venu à adapter une pièce de théâtre, en bande dessinée ?
Cette pièce a été montée et jouée par des copains, qui m’ont convié aux répétitions et m’ont demandé de participer à la réalisation de petites séquences vidéos, intégrées dans le spectacle.
Le ton de la pièce, le jeu des acteurs et la vitalité de la mise en scène théâtrale m’ont captivé et beaucoup amusé.
La dramaturgie est un art commun au théâtre et à la bande dessinée – ainsi qu’au cinéma ou à la littérature. Chaque médium a ses spécificités, mais il existe des passerelles fascinantes entre ces différents moyens d’expression. Par exemple, tout auteur de BD cherche à rendre vivant les personnages qu’il dessine. Or, quand on assiste aux répétitions d’une pièce, la présence physique de l’acteur, l’épaisseur qu’il donne au texte par son intonation, sa gestuelle ou son élocution, sont une mine d’informations et de découvertes pour toute personne qui s’intéresse à l’art de raconter des histoires.
La bd que j’en ai tiré est très éloignée de la mise en scène réelle de la pièce originale. A vrai dire, à part le texte, la BD et la pièce n’ont presque rien en commun, si ce n’est qu’elles exposent des clochards. Je n’ai pas cherché à retranscrire en BD la mise en scène de Richard et Laurent ; je me suis laissé porter par leur liberté de ton et l’extraordinaire créativité de leur jeu d’acteur. J’ai simplement essayé de transposer graphiquement, certaines émotions que j’ai ressenti quand j’ai assisté au spectacle – comme la solitude, la tendresse, ou la violence.
Quel statut donnes-tu à l’édition papier de ta BD, par rapport à son édition en ligne ?
A mon avis, tous les moyens sont bons pour faire passer les idées que je cherche à diffuser. Internet et l’édition papier sont des outils complémentaires, qui permettent de toucher différents publics dans des situations différentes. Mais ils ne sont pas les seuls. Les réunions publiques, les manifestations, la diffusion de tracts ou d’affiches, les conférences et les dédicaces sont autant d’occasions de toucher des gens divers et variés.
Tu as collaboré avec Damien Millet, président du Comité d’annulation de la dette du tiers monde (CADTM) pour la réalisation d’une BD publiée en 2006 par cette ONG. As-tu d’autres projets de ce type ?
Damien Millet est un des plus éminents spécialistes de ce problème en France, et c’est un orateur extraordinaire. C’est aussi un homme d’une grande simplicité, et un des seuls intellectuels de ma connaissance qui accepte de faire de la BD sans crainte.
Je travaille actuellement avec lui à la réalisation d’une BD en deux tomes, toujours sur la dette du Tiers-monde, dont le premier opus devrait sortir dans le deuxième semestre 2008.
J’ai aussi quantité d’autres projets, notamment sur la flexibilité ou sur l’Union Européenne, mais je ne trouve pas d’autres partenaires, qui seraient à la mesure de Damien Millet, pour m’aider à les réaliser. Je crois que je vais devoir me résoudre à les mener à bien tout seul.
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7 août 2008 at 17:05
J’aurai voulu engager la discution au sujet des sources future d’énegie…Il me semble posssible dans un bref délai, d’utiliser l’hydrogène à partir d’électrolyse produit par le véhicule lui-même…